Foire aux Questions
Le Shakuhachi est-il un instrument difficile ?
Le Shakuhachi, malgré son apparence de « simple morceau de bambou », est une flute relativement difficile à jouer.
La palette de sons et timbres que l’on peut obtenir est très riche et par conséquent, les techniques (souffle, embouchure, doigtés…) sont très nombreuses; certaines demandant des années de pratiques avant d’être maitrisées.
Ceci dit, le Shakuhachi est une flute tout à fait accessible à un débutant (n’ayant même aucune autre pratique musicale) car, pour peu que l’on prenne le temps de chercher, on trouve le son assez rapidement; même s’il est assez chaotique au début, il nous amène à maitriser notre souffle et à centrer notre attention sur le son.
Ainsi, nous découvrons dès le début le plaisir que de ressentir le souffle devenir son puis de jouer à moduler ce son.
Ce plaisir est le même que l’on soit débutant ou maitre,
Le reste est une histoire de pratique.
Quel modèle choisir ?
Vous pouvez parfaitement débuter au Shakuhachi sur n’importe lequel des modèles que je propose
aucun n’est particulièrement plus difficile à faire sonner.
Le choix d’un modèle (ou d’un fabricant) est donc en premier lieu une question de budget.
Sur un shakuhachi de débutant à bas cout, selon la vitesse de l’apprentissage, vous vous confronterez aux ‘limites’ de l’instrument au bout d’un à trois ans.
Alors qu’avec un ji-ari de bonne qualité à environ 1000€, il faudra un bien plus grand nombre d’années de pratique avant de sentir le besoin d’un instrument supérieur.
C’est pour cette raison que je propose de reprendre un de mes instruments acheté dans un délai d’un an et d’en déduire le cout pour l’achat d’un modèle supérieur.
Le choix dépend aussi de ce que vous souhaitez jouer avec le shakuhachi :
si il s’agit simplement de jouer des morceaux japonais simples ou d’avoir une approche méditative solitaire, un modèle simple suffit amplement.
En revanche, si vous désirez apprendre le répertoire traditionnel et découvrir les potentialités de l’instrument, une flute de bonne qualité sera nécessaire; mais pas forcement dès le début car il faut de toute manière des années pour ‘construire’ son embouchure et acquérir la maitrise du timbre, de la puissance et de toute les modulations.
(et une vie entière ne suffit pas à en faire le tour !)
La plupart des enseignants de Shakuhachi recommandent à leurs élèves de débuter sur un « Shakuhachi Yuu« ; il s’agit d’une copie en résine d’un Shakuhachi professionnel; l’enseignant est donc assuré que la flute pourra produire toutes les notes désirées et les techniques spécifiques. Je n’ai rien à reprocher au niveau acoustique à ce type de flute mais je trouve vraiment dommage de perdre la sensation, l’esprit et la vibration particulière du bambou si propre au Shakuhachi.
Quelle tonalité choisir ?
Le mot « Shakuhachi » signifie littérallement 1.8 pied (shaku = pied, unité de mesure japonaise et hachi = 8) cette mesure d’environ 54 cm correspond à la tonalité de Ré.
La flute en Ré ( on précise souvent 1.8) est donc considérée comme la tonalité standard (un peu comme la flute traversière occidentale en Do); mais il existe de nombreuses autres tonalités possibles plus aiguës mais surtout plus graves. (ex : 1.6 en Mi, 2.0 en Do, 2.4 en La …)
Le choix de la tonalité – et donc de la taille – de la flute est à considérer.
En effet, plus la flute est grande – et grave – plus les écarts entre les trous le sont aussi; il s’agit donc de trouver une taille qui sera confortable pour la tenue de l’instrument.
• Si vous avez de petites mains le Mi, le Ré conviennent bien pour démarrer
• Pour des mains moyennes, vous pourrez descendre sans problèmes vers le Do, le Si et éventuellement le La.
• Si vous avez de grandes mains ou si vos doigts sont déjà assouplis par la pratique d’autres instruments, vous pourrez opter pour des flutes vraiment graves en Sol, Fa ou mi…
Il est à noter que je propose des doigté ergonomiques (les trous ne sont pas alignés mais décalés pour mieux tomber sous les doigts) optionnels sur les flutes en La et systématiques à partir du Sol.
Comment entretenir son shakuhachi
Huiles
Les flutes qui ne sont pas laquées peuvent être huilées une ou deux fois par an avec une fine couche d’huile de lin (ou mieux de tung) que l’on laisse sécher plusieurs jours avant de rejouer. Ce type d’huile très siccative dépose une fine pellicule protectrice qui durcit avec le temps et améliore même le son.
Je préfère personnellement cette solution que celle de huiler très régulièrement avec des huiles fines type amande ou sésame qui finissent par gorger la fibre et lui faire perdre sa capacité à transmettre les vibrations.
En revanche, les flutes laquées à l’urushi ne doivent pas être huilées.
L’huile pénétrant la fibre finit par décoller la laque en sorte de bulles. (ce que j’ai pu personnellement constater sur des shakuhachi que j’ai réparé).
Nettoyage
Il est important de bien nettoyer l’intérieur du shakuhachi après en avoir joué pour en enlever l’humidité car cela risque de causer l’apparition de moisissures si la flute est laissée longtemps ainsi.
On utilise pour cela un chiffon de voile de coton fin auquel est attaché une ficelle avec un poids pour le tirer dans la flute; on l’appelle le Tsuyutoshi.
Fentes
Le bambou, même après des années ou dizaines d’années, peut fendre.
Ce qui cause principalement l’apparition de fentes, est la sécheresse excessive, rapide ou non homogène du bambou.
La meilleure manière de le prévenir, est de conserver son shakuhachi dans un plastique (après en avoir bien essuyé l’humidité à l’aide d’un chiffon) afin qu’il conserve un taux d’humidité raisonnable.
Le taux d’humidité idéal est entre 60 et 70%
J’ai tendance à trouver plus de fentes sur des shakuhachi laqués que sur les non laqués car la laque urushi très dure et complètement imperméable bloque les mouvements du bois dus aux changements d’humidité.
Je fourni donc systématiquement des sac plastiques pour toutes les flutes laquées et les propose en option pour les non-laquées.
Quels styles musicaux peut-on jouer au Shakuhachi ?
Le Shakuhachi est une flute très polyvalente : elle est chromatique (on peut jouer toutes les notes) et offre une grande variété de timbres.
On peut donc l’adapter à tout styles de musiques ; elle a d’ailleurs souvent sa place en musique classique ou jazz.
Cependant, son accordage étant basé sur la gamme pentatonique, l’obtention des autres notes requiert l’apprentissage de différents doigtés et techniques et en teinte le jeu (certaines altérations sont produites avec un volume plus faible qui est une des caractéristiques de la couleur de cette flute dans la musique japonaise).
Pour palier à cela, certains facteurs de Shakuhachi se sont mis à fabriquer des flutes à 7 trous équilibrant ainsi l’ensemble des notes et permettant aussi un jeu plus rapide sur des gammes « non japonaises ». Ceci dit, les plus grand virtuoses savent jouer de tout avec leur flutes à l’accordage traditionnel; tout est, une fois de plus, question de pratique !
Admirer par exemple comment Yamamoto Hozan a su diffuser le Shakuhachi en dehors de la musique japonaise.
Comment débuter ?
Il s’agit en premier lieu de « trouver le son » c’est à dire la manière de transformer un filet d’air soufflé en vibration sonore dans la flute.
Je recommande pour cela, de commencer par souffler avec tous les trous débouchés en calant la flute dans le creux au dessus du menton de manière à ce que la lèvre inférieure soit proche de l’utaguchi (le biseau). Soufflez ensuite d’un souffle constant et profond (respiration ventrale) un filet d’air le plus fin possible en essayant de viser l’encoche biseautée.
Lorsque nait un premier son, ne chercher pas immédiatement à jouer d’autres notes, prenez plutôt le temps de découvrir comme ce son varie au moindre changement de position, angle, lèvre, souffle. En allongeant au maximum votre respiration, produisez de longues notes en essayant de les garder claires et constantes. De cette manière, votre corps trouvera instinctivement des stratégies pour affiner le son.
Vous pourrez reproduire cet exercice sur chaque note en bouchant un par un les trous en commençant par le pouce en haut pour arriver à la note la plus grave le Ro où tous les trous sont bouchés.
Peut-on apprendre seul ?
On peut très bien apprendre à jouer du Shakuhachi seul (ce que j’ai fait les premières années).
Il est possible de s’approprier l’instrument à sa manière et en cherchant par soi même les sons, les notes, les gammes…mais il sera difficile (à moins d’un grand talent d’imitation) de reproduire la musique typique du Shakuhachi car elle s’exprime à l’aide de nombreuses techniques de jeu plus ou moins difficiles à maitriser.
Il est alors possible de s’accompagner d’un manuel d’apprentissage – idéalement avec un CD – afin de découvrir pas à pas la musique, les techniques et éventuellement la lecture des notations. Il est bon, en parallèle, d’écouter beaucoup de musiques de Shakuhachi ou même d’autres musiques japonaises (profitez-en pour découvrir Blue Heron Radio).
Mais cette pratique seule, bien que studieuse, à des limites et rien ne remplace l’enseignement d’un maitre à travers lequel on reçoit souvent bien plus qu’un apprentissage musical.
Comment trouver un enseignant ?
Il n’est pas facile d’avoir accès à l’enseignement d’un maitre. La plupart se trouvent dans des capitales ou grandes villes et se déplacent bien souvent pour donner des stages ou des masterclasses lors de rassemblements. La pratique de l’anglais est bien souvent nécessaire.
La plupart proposent aussi un enseignement via Skype qui, bien que limité, permet de régler des détails techniques et surtout de motiver le maintient d’une pratique régulière.
Consultez la liste d’enseignants Européens sur la page de liens de mon site ou encore celle plus complète sur le site de l’ESS (European Shakuhachi Society)
La communauté européenne de joueurs de Shakuhachi est petite mais dynamique n’hésitez pas à la rejoindre et à participer, même en temps que débutant, aux rencontres proposées telles que la Shakuhachi Summer School annuelle.
Il existe différentes écoles/styles de shakuhachi (Kinko, Tozan, KSK, Itchoken,Myoan…). Découvrir en écoutant les spécificités de jeu de chaque école peut vous permettre de choisir celle qui résonne le plus pour vous; le choix d’un enseignant sera dès lors guidé par cet attrait. (une fois de plus, participer à une rencontre annuelle de l’ESS vous permettra, lors des différents concerts, de vous faire une idée des différents styles.)
Quelle(s) gamme(s) joue le Shakuhachi ?
Le Shakuhachi, percé de 5 trous, est accordé sur une gamme pentatonique (5 notes dans une octave) mineure représentant les intervalles suivants :
1 ton et 1/2 – 1 ton – 1 ton – 1 ton et 1/2 – 1 ton (les notes dépendent de la tonalité de la flute.)
Toutes les autres notes sont jouées comme des altérations selon différentes techniques (semi-ouverture, doigté de fourche, technique d’embouchure).
Le Shakuhachi est donc chromatique et peut jouer toutes les gammes possibles.
La musique japonaise, principalement pentatonique, utilise différentes gammes.
Comment est fixé le prix d’un Shakuhachi ?
Lorsque l’on fait des recherches sur le Shakuhachi, on est vite surpris par la question du prix.
On peut trouver des shakuhachi de 40 euros (en PVC) à plus de 10000 euros…!
Il est dès lors difficile de comprendre ce qui justifie autant des prix très élevés que des prix bas.
Malgré son apparence sommaire voire brute, la fabrication traditionnelle du Shakuhachi est minutieuse et requiert beaucoup de temps et d’expérience.
La matière première tout d’abord n’est pas facile à obtenir et représente déjà un cout. La plupart des fabricants habitant en zones urbaines sont contraint d’acheter le bambou déjà traité et prêt à l’emploi (autour de 100/200 euros pièce) car il n’est pas simple de récolter le bon pied de bambou correspondant à tous les critères.
La fabrication ensuite est complexe car la perce (le tube) est très irrégulière et nécessite de nombreux ajustements précis pour obtenir un instrument qui soit homogène. Ce processus est essentiellement empirique et demande d’avancer précautionneusement.
Les instruments sont le plus souvent laqués à l’intérieur avec la fameuse laque japonaise Urushi qui, en plus d’être très chère, est très délicate à travailler et requiert aussi un long apprentissage.
Les critères de prix :
Les qualités acoustiques d’une flute sont bien évidemment primordiale. L’accord, la puissance, le timbre, l’homogénéité de l’instrument en font sa qualité. Mais au Japon, il existe aussi un certain nombre de critères esthétiques très important qui peuvent parfois prévaloir à la qualité sonore d’un instrument. Notamment le type de bambou utilisé, le nombre de nœuds (idéalement 7) , la courbure du bambou, son poids, l’aspect du pied avec les racines…Certaines finitions peuvent aussi augmenter la valeur d’une flute; les ligatures en rotin incrustés, l’usage de l’ivoire, de l’or ou de l’argent. La renommé du fabriquant joue aussi grandement dans le prix d’un instrument.
Ma politique de prix :
Au fil des ans, mes prix ont augmentés à mesure que la qualité de mon travail progressait. J’en suis arrivé aujourd’hui à des prix fixes qui me paraissent justes (tant pour moi que pour l’acheteur) pour les modèles droits sans racines. Il m’importe de garder des premiers prix abordable pour ne pas mettre de barrière à débuter. Pour les Shakuhachi traditionnels, commençant tout juste à obtenir des résultat qui me satisfassent et voyant tout le chemin qu’il me reste à faire, les prix (uniques pour chaque flute) continueront d’augmenter en fonction de la qualité de mon travail et notamment des retours que je peux avoir de joueurs professionnels ou d’enseignants (de mon maitre notamment).
Alors que la qualité de mes instruments à grandement progressé ces dernières années, les tarifs n’avaient pas évolué depuis plus de deux ans et depuis plus d’un an, les retours de mon maître, d’autres fabricants que j’ai rencontré au Japon et ailleurs ainsi que de joueurs professionnels m’ont convaincu de réévaluer le prix de mes instruments ainsi que des tarifs de réparation en 2020 pour être en accord avec la qualité de mon travail, mon engagement dans l’étude de l’instrument et de sa fabrication ainsi que la reconnaissance du milieu professionnel.
Quels sont les bambous utilisés ?
Traditionnellement, le Shakuhachi est fabriqué dans le Madaké japonais (Phyllostachys Bambusoides) mais on peu en trouver aussi dans un bambou noir « Tora Chiku » (phyllostachys nigra). Ces bambous peuvent aussi se trouver en Chine ou d’autres régions d’Asie et en Amérique du nord.
Je travaille essentiellement sur des bambous que je récolte moi même chaque hiver depuis des années. Malheureusement, le Madaké s’est mal implanté jusque là en France; j’utilise donc son équivalent principal le Phyllostachys Viridiglaucescens qui présente sensiblement les mêmes caractéristiques (pied plein) et le bambou noir dont j’apprécie autant les qualités esthétiques qu’acoustiques. J’utilise aussi depuis longtemps un bambou d’importation chinois la « canne du tonkin » (Arundinaria amabilis) qui est très dense et présente une fibre très droite.