En 2003, je fabriquai ma première flute !
Une rétrospective de ces 20 années à cheminer
sur ma voie du bambou.
En 2003, de retour d’Inde, mon premier grand voyage, où je suis tombé en amour avec le Bansuri, je récolte mes premiers bambous et tente maladroitement de fabriquer mes premières flutes traversières.
Lors des 4 années suivantes, la fabrication de flutes en bambou accompagne mes voyages avec les outils dans le sac à dos d’abord, dans les sacoches de vélo ensuite complétant les petits revenus de la musique que je joue dans la rue en quête d’un mode de vie nomade autosuffisant.
En 2003 à Bénares
21 ans, dreadlocks et salopette bariolée !
La cabane dans les bois
où j’ai vécu et fabriqué mes flutes
inspiré par le son du ruisseau et les chants d’oiseaux.
Photo Alexa Brunet – Habitants Atypiques
En 2006, L’envie de progresser et mieux comprendre devient plus prégnante et me pousse à poser mon vélo en Anjou sur des terres familiales en friche où je décide de me consacrer à la facture instrumentale; ce qui n’était alors qu’un hobby devient alors un chemin.
L’atelier Chikudo, ma ‘voie du bambou’ naît à cette époque et s’officialise à la création de mon entreprise en 2009.
J’expose alors mes instruments dans les festivals de musiques du monde et autres salons de lutherie, je diversifie ma production dans une quinzaine de modèles; souvent des flutes traditionnelles en bambou et parfois des versions bambou d’instruments habituellement fabriqués dans d’autres matériaux.
Durant ces années d’expérimentations et d’études, les flutes et leurs musiques me permettent de nourrir différemment mon gout du voyage.
Vers 2009, je rencontre le Shakuhachi lors de mes recherches et suis tout de suite attiré par son alliance toute japonaise entre simplicité rustique et raffinement technique.
Malgré mon expérience, les débuts sont fastidieux sans avoir personne pour me montrer ni le jeu ni la fabrication…
J’entre peu à peu dans les musiques si étranges de cet instrument et me découvre un intérêt croissant pour la culture japonaise de manière plus générale.
Je pars donc en 2010 pour un voyage de 3 mois à vélo arpentant le Japon du Nord au sud sur plus de 3000km.
à vélo sur la luxuriante
île de Yakushima
Japon 2010
Je me confronte assez rapidement aux limites de l’étude du jeu et de la fabrication en autodidacte du shakuhachi. Après un nouveau voyage (de noces?) à vélo de 6 mois (2012) et l’arrivée d’un premier enfant (2013), je me décide à rejoindre alors un groupe de shakuhachi nouvellement créé auprès du maître Gunnar Jinmei Linder dont j’étudiais seul l’ouvrage de référence sur le Honkyoku.
En 2014, je m’installe avec ma famille à Figeac, participe à mon premier rassemblement européen de shakuhachi à Prague et décide de me consacrer exclusivement à la fabrication et à l’étude du shakuhachi.
Des chantiers fort conséquent et l’arrivée d’un deuxième enfant (2015) m’imposent un rythme de progression assez lent dans mon travail mais étant lent de nature, cela me convient !
Il m’aura fallut attendre presque 10 ans pour retourner enfin au Japon (fin 2019) cette fois pour un voyage centré sur le shakuhachi et la récolte de bambou Madake pour mes fabrications.
Je continue maintenant à approfondir mon lien à la culture japonaise à travers ces voyages, l’étude du shakuhachi, de la langue et dans une certaine quête de l’esthétique dans mon quotidien.
C’est un beau chemin que celui de ma « voie du bambou » ; il nourrit des choses assez profondes et me permet de me sentir malgré tout à ma place dans ce monde moderne dans lequel je ne me reconnais si peu…
Et je n’aurais pas pu accomplir ce chemin sans le soutient de tous ceux qui m’ont accompagné et de tous ceux qui on apporté leur souffle dans mes instruments.
Merci.
Récoltes de Madake
sur Kyūshū – Décembre 2019
Quoi de mieux à présent pour fêter ces 20 années d’amour pour ce qui est devenu bien plus qu’un simple métier, mon Ikigai, que de partir à nouveau pour un grand voyage en vélo avec nos deux enfants et avec, comme toujours, la musique comme moyen d’échanges et de rencontres !