Voici deux très beaux shakuhachi de maîtres à qui j’ai eu l’honneur de redonner une nouvelle vie.
Les deux étaient dans un très mauvais état et il m’a fallu pas mal de patience et minutie pour retrouver leur voix.
J’ai du refaire utaguchi, joints, bagues, refermer les cracks et laquer complètement avec quelques éclats de ji à reboucher…
Le premier est un GYOKUSUI II 1.6 qui était complètement éclaté;
voici quelques photos des réparations :
Le deuxième est un excellent ji-ari 1.8 Tozan de GETSUZAN sur lequel il y avait aussi beaucoup de boulot :
Vous pouvez retrouver ces deux shakuhachi restaurés en vente sur le site.
Je prends beaucoup de plaisir en ce moment à jouer de ce grand Hochiku 3.0 que j’ai fini il y a peu.
(je n’ai d’ailleurs pas vraiment hâte qu’il trouve un acquéreur…!)
Hier, j’ai fait un enregistrement en ouvrant la fenêtre de mon atelier;
j’ai la chance d’être au milieu des bois,
au beau milieu d’un concert d’oiseaux
avec le ruisseau comme bourdon.
J’ai travaillé depuis ce début de printemps sur 4 shakuhachi très différents :
Un ji-ari 1.8 en Ré – Un ji-nashi 2.1 en Si – Un ji-nashi style Myoan 2.2 en Sib – Un grand ji-nashi Hochiku 3.0 en Fa
J’ai réalisé chacun de ces shakuhachi dans un état d’esprit spécifique, avec un recherche sonore basée sur des critères très différents.
J’ai la satisfaction d’être de plus en plus capable de chercher un type de son, puis de sélectionner le bon bambou et le travailler de la bonne manière pour approcher au plus près ce que je cherchait.
— « Ça te prend combien de temps de fabriquer une flute ? »
— « Quelques heures et une bonne quinzaine d’années ! »
Thomas
On m’a confié un instrument de maître à réparer :
Un shakuhachi ji-ari 3.0 du très renommé Miura Ryuho.
Miura Ryuho est un des fabricants actuels les plus réputé au Japon; il fabrique les instruments de nombreux professionnels. Né en 1952, il a étudié auprès des Yokoyama père et fils (Ranpo et Katsuya) et fut l’assistant fabricant de Yokoyama Katsuya. Il est connu pour être un des rares fabricants a avoir développé la précision du travail des ji-ari sur de très grands instruments.
Takahashi Toyomi chez qui j’ai travaillé en 2019 à Tokyo est un de ses élèves.
Ce shakuhachi est œuvre d’art!
Au niveau de la facture, c’est précis, esthétique et parfaitement maîtrisé. Ce ji-ari se divise en 3 parties et l’utaguchi en ivoire est rehaussé d’une feuille d’or. Le rotin des deux joints est d’une finesse incroyable.
Je ne suis pas adepte des très long shakuhachi (Cho-kan) et ai le plus souvent du mal à en jouer.
Pour celui-ci (près d’un mètre !), c’est différent.
Le doigté très ergonomique, déjà, offre un confort de jeu (c’est relatif tout de même !) bien pensé :
Le 5ème trou (du pouce) est très décaler sur la gauche ce qui évite de casser fortement le poignet; c’est le premier shakuhachi de cette taille que je vois avec ça alors que ça m’a toujours semblé évident.
Au niveau du souffle, c’est surprenant à quel point l’ensemble du bambou vibre pleinement même avec un léger souffle…
J’ai donc essayé -humblement et difficilement- d’interpréter un Honkyoku sur ce bel instrument : Hifumi Hachigaeshi no Shirabe.
En fait, j’avais déjà rencontré et essayé cet instrument à Lisbonne en 2019 et le voici 2 ans plus tard dans mon atelier !
La réparation consistait seulement en un renforcement et une étanchéification d’un des deux joint qui était trop lâche.
Merci Klaus de m’avoir confié ce beau shakuhachi !
C’est drôle car en même temps, Nicolas m’a confié un autre genre de gros bestiau :
Un Taimu 3.0 du regretté Ken Lacosse – Mujitsu (une des dernières flutes qu’il ai fabriqué). C’est un vrai bazooka fait dans un bambou incroyablement épais avec une perce très large; typiquement le genre de flute que je suis incapable de jouer !
Voici la bête en cours de travail à l’atelier :
Pour savoir ce que cela donne au niveau du son, regardez les vidéos de Cornelius Boots.
C’est rare que j’ai de si grands shakuhachi à l’atelier; d’en avoir deux en même temps et si différents fut un heureux hasard et, comme toujours, l’occasion d’apprendre beaucoup pour moi.
Thomas
Depuis septembre, plusieurs beau instruments ont été vendus avant même d’avoir été mis en ligne sur le site…
J’avais quand même envie de vous en présenter certains !
Ji-nashi 1.8 pour un joueur Myoan
Un client de l’année dernière est tombé en amour avec le style Myoan qu’il apprend grâce à un français installé à Kyoto enseignant le style Myoan à Kyoto et sur skype : Sébastien Shogetsu.
Je lui ai fait un excellent ji-nashi, très fin et polyvalent au jeu dans un bambou noir français dont j’ai laqué la racine qui n’était pas très belle lui donnant un style que l’on voit parfois sur certaines flutes anciennes.
J’aurai probablement l’honneur que ce shakuhachi soit présenté aux maitres du temple Myoan-ji prochainement !
ji-ari 1.8 en bambou français
Le dernier Ji-ari en 1.8 que j’ai fabriqué à partir des profils de perce du Tamai Chikusen que j’avais restauré.
Un très bon shakuhachi puissant, timbré et bien équilibré qui est aujourd’hui entre les mains d’un nouvel élève de Gunnar, membre de notre groupe Chikumeisha France.
Ji-ari 2.0 dans un bambou Madake ramené de Kyushu l’an dernier
Un beau shakuhachi à l’esthétique sobre et au son un peu sombre et mystérieux comme les anciennes flutes kinko que j’aime.
Fabriqué dans un des bambous offerts par la femme d’un monsieur décédé qui vivait à côté d’une des bambouseraies où je récoltais en 2019 et qui fabriquait en amateur des shakuhachi. (cf récit du voyage au japon)
J’ai proposé ce shakuhachi à Gunnar qui m’en avait demandé un en Do; j’attends ses retours…!
Voici quelques nouvelles sur la manière dont je travaille depuis la reprise de septembre.
Ayant repris les travaux de notre future maison, je dispose de moins de temps à consacrer à mes instruments cette année.
Comme certains d’entre vous attendent impatiemment des flutes de ma fabrication, les derniers ji-nashi que j’ai fabriqué ont été réservés avant même que je ne les mette sur le site…
Je travaille aussi sur plusieurs ji-ari qui me demande beaucoup plus de temps et met la priorité sur ces instruments plutôt que sur les shakuhachi d’étude que l’on me demande beaucoup.
(j’ai d’ailleurs pris la décision d’arrêter la fabrication des modèles d’étude l’année prochaine).
J’ai donc décidé de proposer plus de shakuhachi restaurées afin de me consacrer à la fabrication avec plus de temps et plus d’exigences. J’essaye de sélectionner les flutes que je restaure afin d’avoir en stock des shakuhachi dans une gamme de prix variés.
Je vais bientôt pouvoir commencer à fabriquer des shakuhachi dans les bambous Madake récoltés l’année dernière au Japon…
Merci, encore et toujours, de suivre et soutenir mon travail.
Thomas
J’ai eu la chance récemment de faire l’acquisition d’un Shakuhachi d’un maitre fabricant de renom, Tamai Chikusen.
Ce fabricant dont je n’ai que peu d’informations sur la vie est très réputé; la plupart des plus grands fabricants actuels ce sont formés auprès de lui (Takeharu,Kinya Sogawa,Yamaguchi Shugetsu,Tom Deaver…)
Ce ji-ari 1.8 était tout de même bien éclaté sur toute la partie supérieure et présentait aussi des fentes sur la partie inférieure. C’est donc avec honneur et respect que j’ai pris mon temps pour réparer ce bel instrument avec des ligatures en finitions rotin filé. Je suis content de réussir à réparer même de telles fentes (environ 5mm de large) sans utiliser la moindre colle !
Ce très beau shakuhachi m’a donc remercié de sa belle voix puissante et timbré qui s’exprime à nouveau.
Je me garde cet instrument pour l’instant car il me permet de comparer avec mon travail actuel sur les ji-ari et me sert aussi d’étalon de référence.
Voici un bel exemple de ce qu’un facteur de shakuhachi peut s’amuser à faire dans son atelier !
Il est parfois bon de se lancer des défis, ce que j’ai fait en voulant rallonger un bambou qui promettait un beau ji-ari 2.4 en La mais à qui il manquait quelques centimètre pour ajuster autant la longueur que la disposition des trous…
J’avais plus ou moins deviné que cela pouvait se faire parfois en observant des flutes restaurées de cette manière et j’en ai eu la confirmation auprès de Takahashi sensei qui à tout de suite deviné de quoi il s’agissait en voyant ce shakuhachi en cours de fabrication que je lui avait amené à Tokyo !
Certains utilisent aussi cette technique pour réaligner l’utaguchi avec les trous de jeu.
Voici donc le procédé en photos :
Il s’agit plus ou moins du même travail que pour un joint nakatsugi avec en premier lieu, insertion d’un hoso en bambou puis un deuxième bambou d’un diamètre similaire à celui de la flute vient dessus puis ji et ponçage pour ajuster précisément le creux où viendra se loger le rotin qui fait la finition.
Ce beau ji-ari est toujours en cours de fabrication; disponible prochainement…